Publié dans Société

Examen du baccalauréat - Une candidate musulmane sommée de se « dévoiler »

Publié le mardi, 19 juillet 2022



Un cas isolé, ou pas ! L’histoire d’une candidate musulmane qui passe son examen du baccalauréat au centre Lycée Jacques Rabemananjara (LJR) à Toamasina a défrayé la chronique depuis hier, notamment sur les réseaux sociaux. En fait, J. (initiale de la jeune fille), a dû enlever sa voile suite aux cris et menaces d’une « dame », lors de son entrée dans la salle d’examen. « L’épreuve de philosophie a commencé depuis plus d’une heure quand la dame est entrée dans notre salle. Elle a demandé aux élèves d’enlever les bonnets, cache-bouche, cache-nez et capuchons. Je ne me sentais pas concernée puisque je portais une voile, en tant que musulmane. Elle s’est approchée de moi et m’a hurlé dessus, en me disant « tu n’as pas entendu ? Je t’ai dit d’enlever ta couvre-tête ». J’ai répondu que je suis musulmane, mais elle a crié que « tous les élèves sont traités de la même manière ici. Ce n’est pas un établissement musulman, alors tu dois immédiatement l’enlever sinon… ». « J’ai fini par me dévoiler devant tout le monde, en larmes », nous confie la jeune candidate, encore émue. Perturbée, J. n’a pas pu achever son épreuve de philosophie. « J’ai à peine entamé ma dissertation sur le sujet 1, axé sur la conscience dans la politique. Après le passage de la dame, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer à chaudes larmes, au point de mouiller ma feuille de copie. Cela m’a tellement déconcentrée que j’ai fini par rendre ma copie, avec des pages blanches », ajoute la candidate. Le centre LJR recense de nombreuses candidates musulmanes voilées, mais J. a été la seule de sa salle d’examen. De plus, elle était assise au premier rang.
Enquêtes en cours
« J’étais paniquée en voyant que ma fille était rentrée en pleurs à la maison, en perdant ses mots. Il a fallu la calmer pendant quelques minutes pour qu’elle me raconte ce qui s’est passé en classe. Cela m’a étonnée d’autant plus qu’elle n’a pas eu de problème dans son école en étant voilée. En fait, nous ne savions pas que le port de la voile est interdit durant l’examen officiel. J’ai dû l’accompagner et la convaincre de retourner en classe l’après-midi, puisqu’elle était démotivée au point de penser à laisser tomber l’examen », témoigne A.R., la mère de la jeune candidate musulmane. « Je m’inquiète en permanence depuis, en craignant que la dame revienne. Cet après-midi, un monsieur m’a accompagné et m’a demandé des informations, en me montrant la photo de la dame. Il m’a rassuré, tout comme les surveillants qui m’ont dit que normalement, seules les oreilles devraient être exposées pour éviter les éventuelles fraudes », fait part J.
Questionné à ce sujet, un responsable auprès de la Direction de l’Office du baccalauréat de Toamasina n’a pas donné des détails. « Nous sommes encore en pleine enquête », a-t-il affirmé, joint au téléphone hier. Pour sa part, la responsable auprès de la Direction des examens nationaux du ministère de tutelle a avancé qu’« il n’y a aucun règlement interdisant le port de voile durant les examens officiels ». La preuve, les sœurs et religieuses peuvent librement porter leurs couvre-têtes. Elle a également fait part que l’éducation n’est pas sélective de religion. Il faudrait se respecter et respecter la religion d’autrui. Affaire à suivre !
Recueillis par Patricia Ramavonirina

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Editorial

  • Secteur en panne !
    En mauvaise posture, le secteur éducatif malagasy va de mal en pis. Tel un navire en panne, en Haute mer, le moteur bloqué, l’équipage perd le contrôle. Le bâtiment tangue de gauche à droite. A la dérive, il risque le naufrage. A l’époque coloniale, l’instruction publique représentait l’un des principaux points d’achoppement du pouvoir en place. A l’aube de l’occupation, le Général Gallieni, premier gouverneur général de Madagasikara, se heurtait à une difficulté majeure : déterminer quel type d’instruction ou quel modèle d’enseignement, devrait être appliqué dans la colonie (Madagasikara) ? Un enseignement élitiste, de haut niveau, ou un enseignement élémentaire, rudimentaire ? Et encore « quelle langue d’enseignement adoptée ? » Deux grandes orientations ont été primées par le Général gouverneur : dispenser un enseignement pour un cursus éducatif de haut niveau pour les enfants des colons. D’où la création des lycées à Antananarivo, le lycée Gallieni (1908) et…

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